Classement du mobilier de deux tombes gallo-romaines exceptionnelles découvertes à Ghislenghien
Sur décision de la Ministre de la Culture Elisabeth Degryse, la Fédération Wallonie-Bruxelles a classé comme Trésor le mobilier provenant de deux tombes des débuts de l’époque romaine, mises au jour en 2014 à Ghislenghien (commune d’Ath). Conservés par l’Agence wallonne du Patrimoine (AWaP), les 80 objets qui composent ce mobilier funéraire présentent un intérêt patrimonial majeur.
« Le classement de ce mobilier consacre un patrimoine unique, témoin des premières décennies de la présence romaine en Gaule Belgique, et affirme la volonté de la Fédération Wallonie-Bruxelles de protéger et de transmettre un héritage scientifique et culturel d’exception », indique la Ministre-Présidente et Ministre de la Culture Elisabeth Degryse.
Un témoignage rare sur une société en transition
Les deux sépultures (F673 et F650) sont datées entre 5 av. J.-C. et 40 apr. J.-C et sont décrites comme augusto-tibériennes (en référence aux règnes d’Auguste et de Tibère). Ces tombes constituent un témoignage unique sur les premières décennies de l’occupation romaine en Gaule Belgique. Séparées d’à peine neuf mètres, elles appartenaient à des personnages de haut rang de la société nervienne, en partie reconstituée après les massacres de la Guerre des Gaules. La quantité et la nature des offrandes funéraires retrouvées dans ces deux tombes témoignent de l’appartenance de leurs occupants à l’élite sociale des cités de Gaule septentrionale. Le pouvoir de Rome s’est appuyé sur cette élite pour bâtir l’administration des territoires conquis, pour valoriser l’exploitation économique des campagnes et pour assurer la romanisation des populations. Ce mobilier funéraire, composé de 80 objets en céramique, métal et verre et ayant fait l’objet d’une campagne de restauration, présente un intérêt scientifique et culturel majeur.
Le classement de ce mobilier se fonde sur plusieurs critères dont :
- la rareté : ce mobilier offre un témoignage unique en Belgique des premières décennies de l’époque romaine, une période qui demeure mal documentée tant par les sources historiques que par les découvertes archéologiques. Plusieurs offrandes n’ont aucun équivalent en Belgique et ne trouvent de comparaison que dans des régions éloignées d’Europe.
- le lien avec l’histoire : ces artefacts éclairent le rôle économique et l’idéologie sociale des élites provinciales, dans une période de transition entre traditions celtiques et culture méditerranéenne.
- la grande qualité de conception et d’exécution : certains objets, comme le service à ablution en bronze, les coupes en verre mosaïqué ou le bec verseur zoomorphe, sont de véritables œuvres d’art antiques.
Ce classement garantit la protection et la valorisation de ces témoins majeurs de notre histoire. Ils illustrent le syncrétisme culturel qui caractérise la Gaule Belgique au début de l’Empire romain et apportent des données inédites sur la romanisation des élites locales.
Fédération Wallonie-Bruxelles et Région wallonne : une collaboration pour protéger notre patrimoine archéologique
La Fédération Wallonie-Bruxelles veille à la protection du patrimoine culturel mobilier, tandis que la Région wallonne est responsable des sites et fouilles archéologiques. S’appuyant chacune sur ses compétences propres, la Direction du Patrimoine culturel (Fédération Wallonie-Bruxelles) et l’AWaP (Région wallonne) œuvrent conjointement à la préservation et la valorisation de notre patrimoine archéologique. L’AWaP, qui a supervisé les fouilles de ces tombes et est propriétaire de leur mobilier, est à l’initiative de ce classement, opéré en date du 27 octobre 2025 par la FW-B.
Cette reconnaissance s’inscrit dans une politique ambitieuse visant à protéger les témoins matériels de notre histoire et à les transmettre aux générations futures. Ce mobilier funéraire rejoint une vingtaine d’objets ou ensembles archéologiques de nos régions déjà classés par la FW-B, parmi lesquels des pièces emblématiques telles que le chaland de Pommeroeul, le masque de Blicquy ou encore le sarcophage mérovingien de Chrodoara.
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Nico Patelli
Vanessa Pitaels